La Roue du Temps T.1 : L'Oeil du Monde - Robert Jordan

C'est la Nuit de l'Hivers dans la contrée de Deux-Rivières et, en ce soir de fête, l'excitation des villageois est à son comble. Arrivent alors trois étrangers comme le jeune Rand et ses amis d'enfance Mat et Perrin n'en avaient jamais vu : une dame noble et fascinante nommée Moiraine, son robuste compagnon et un trouvère. 

De quoi faire oublier ce cavalier sombre et sinistre aperçu dans les bois, dont la cape ne bougeait pas même en plein vent...

Mais, quand une horde de monstres sanguinaires déferle et met le village à feu et à sang, la mystérieuse Moiraine devine qu'ils recherchaient quelqu'un. Pour les trois amis l'heure est venue de partir. Car la Roue du Temps interdit aux jeunes gens de flâner trop longtemps sur les routes du destin...

J'ai commencé la lecture de La Roue du Temps il y a déjà pas mal d'années. Je m'étais arrêté au volume 16 (volume 8 américains)  à cause des volumes suivants qui tardaient à être traduits, en me disant que je reprendrais sa lecture lorsque le cycle serait terminé et traduit. Toutefois la présence d'une nouvelle édition qui respecte le découpage original (j'y tiens beaucoup même si pour certains c'est un peu futile) et propose une nouvelle traduction m'on poussé à tout reprendre du début. Et grand bien m'en a pris.

La Roue du Temps débute de manière un peu similaire au Seigneur des anneaux. On peut faire le parallèle entre la Comté et Deux-Rivière puisque les 2 lieux semblent un peu à l'écart de tout ce qui se passe dans le reste du monde et présentent tout deux un caractère champêtre. De même on peut faire le parallèle entre Aragorn et Lan, tous 2 des guerriers émérites, rois sans royaumes de surcroît ; et entre Moiraine, Aes Sedai de son état et Gandalf puisqu'ils sont tous les deux détenteurs de pouvoirs. 

Ce constat étant fait, il serait faux de voir dans la Roue du Temps un Seigneur des Anneaux bis. Car si Jordan s'est certainement inspiré de Tolkien, son cycle s'éloigne assez rapidement de celui du maître. Car dans l'univers de la RdT, et comme le titre le laisse supposé, le temps est cyclique. Et chaque Ère voit la lutte du champion de l'humanité, le Dragon, contre Ba'Alzamon, le Ténébreux.  Enfin, la plupart du temps puisqu'il semble y avoir eu des Ères au cours desquelles le Dragon s'est associé au Ténébreux. Et cela recommence sans cesse.

Ce premier volume nous narre l'histoire de trois amis (Mat, Perrin et Rand) activement recherchés par les sbires du Ténébreux. On va donc assister à leur fuite au cours de laquelle ils sont assistés par Moiraine, Aes Sedaï (qui manie le Pouvoir de l'Unique- en tout cas son versant féminin, la Saidar) et Lan son Champion et accompagnés par Egwene et Nynaeve (amenées elles aussi à jouer un rôle dans le motif que tisse la Roue). On se doute rapidement que l'un des 3 garçons est le Dragon Réincarné (mais on ne découvre qui qu'en toute fin de volume). On découvre avec émerveillement un univers très riche au niveau du background même si ce premier volume est surtout un volume de présentation. J'ai particulièrement aimé la description de la fin de l'Âge des légendes : la Dislocation du Monde causée par le Dragon et les Aes Sedaï mâles rendus fous par la souillure de la Saidin (versant masculin du Pouvoir de l'Unique). Et comme l'Histoire est amenée à se répéter avec quelques variantes cela rend les choses particulièrement intéressantes quant au Dragon Réincarné puisqu'il est à la fois le seul rempart de l'humanité face au Ténébreux mais aussi annonciateur d'une nouvelle Dislocation. 

Je m'arrête là pour ne pas trop en dévoiler même si je crains d'en avoir déjà trop dit.

La Roue du Temps est un cycle particulièrement long et intéressant mais qui présente quelques défauts qui peuvent rebuter. Le plus gros étant le délayage dont se rend coupable l'auteur, particulièrement à partir  du volume 5 si je me souviens bien. D'autre part il insiste un peu trop lourdement si l'état d'esprit des personnages. Je n'ai rien contre un peu de psychologie mais la redondance me gêne un peu. Les personnages féminins, Moiraine exceptée, sont particulièrement agaçant dans leur postures et leurs prises de position. Mais cela se fait surtout sentir dans les volumes suivants. 

A noter que la nouvelle traduction est un vrai bonheur pour quiconque a subi la précédente : la lecture est beaucoup plus fluide qu’auparavant. Seuls les changements dans la terminologie propre à l'univers peut peut-être gêné. Ça n'a pas été mon cas, je m'y suis très bien fait.

La Roue du Temps tourne et les Âges naissent et meurent, laissant dans leurs sillage des souvenirs destinés à devenir des légendes. Puis les légendes se métamorphosent en mythes qui sombrent eux-même dans l'oubli longtemps avant la renaissance de l'Âge qui leur donna le jour.

Au coeur d'un Âge nommé le Troisième par certain - une ère à venir et depuis longtemps révolue - , un vent se mit à souffler dans les Montagnes de la Brume. Sans être le Début, car il n'y a ni commencement ni fin à la rotation de la Roue du Temps, ce vent était un début.