Deus Ex - Norman Spinrad

Machines, avez-vous donc une âme? Telle est la question qui déchire l'Eglise catholique en ce début de 3ème millénaire, où un vaste réseau informatique permet de stocker les duplicata numérisés de nos personnalités en attendant de les greffer sur des clones - et du même coup faire accéder l'humanité à une forme d'immortalité. Jusque là, le Vatican s'est réfusé à considérer l'âme comme un simple logiciel et à admettre que les "entités successibles" puissent en posséder une, d'où une baisse grandissante de sa popularité déjà bien entamée. Une situation à laquellle Mary 1ère, papesse de choc nouvellement élue, est décidée à mettre fin au risque de se frotter à Satan...Ce sera le projet Deus Ex. Comme dans Deus ex machina.

Avant de vous dire ce que j'ai pensé de cette lecture, je reviens sur le quatrième de couverture qui ne dit pas que des choses exactes : dans le livre il n'est absolument pas question de transférer les personnalités numérisées dans des clones...Bizarre d'inventer des choses!

Il s'agit pour moi de ma première lecture de Norman Spinrad. J'ai bien aimé le côté clairement dénonciateur de l'auteur tout comme le ton clairement cynique. Même si aujourd'hui n'importe quel bobo est capable d'avoir un discours - politiquement correct - sur le péril écologique, au moment où le roman a été publié (1992) ces idées étaient sans doute beaucoup plus marginale. Car s'il s'agit bien d'un roman cyberpunk ayant pour thème le trans-humanisme, il y a en toile de fond une fin du monde annoncée avec l’effondrement des écosystèmes. Et je dois dire que j'ai été plus touché par ces thématiques que par celle pourtant plus centrale de la naissance d'un Dieu Machine. En fait l'auteur m'a complètement perdu dans ses explications mystico-technologiques. Les parallèles qu'il fait entre les personnages bibliques et les entités virtuelles, entre le Dieu qui s'est un jour incarné en homme et l'Homme qui s'incarne dans une machine (pour finalement "enfanté" un Dieu)...m'ont semblé abscons. Alors bien sûr j'admet volontiers que mon inculture en matière religieuse et informatique y est certainement pour beaucoup dans mon ressenti. Il n'empêche que sur des thèmes similaires Dan Simmons avait bien mieux su me faire comprendre son message dans hyperion (technocentre).

Une lecture agréable grâce à sa forme, à son style mais dont je suis à peu près certain de n'avoir pas compris le message de son auteur.