Castlevania : Lords of Shadow

Castlevania. Une licence culte des années 80 et 90 mais qui, comme d'autres, n'a pas su négocier le passage à la 3D. Les quelques tentatives ont toutes été catastrophiques paraît-il (je n'y ai pas joué). Konami a donc chargé les espagnols de Mercury Steam Entertainment de réaliser ce reboot. En fait pour être plus précis, ce sont les espagnols qui sont allés voir konami avec une pré-version d'un jeu intitulé Lords of Shadow. L'éditeur, emballé par la qualité du projet, a donc décidé, non seulement d'éditer le jeu mais aussi de lui accoler le titre Castlevania espérant relancer une franchise qui ne fait plus recette depuis fort longtemps (hormis les épisodes 2D à la formule figée). Mais des Castlevania d'antan il ne reste plus que le nom tant le jeu s'éloigne des standards de la série , 3D oblige. Notez que cela ne m'a absolument pas dérangé dans la mesure où je n'ai connu que l'épisode fondateur (sur NES...ça ne me rajeunit pas!) ainsi que Symphony of the Night : je ne suis donc pas vraiment attaché à une mythologie que je connais mal.

On incarne Gabriel Belmont, héros maudit qui part en croisade contre les Seigneurs des Ténèbres afin de ressusciter sa femme. Le scénario, certes très convenu mais bien mené notamment grâce aux cinématiques kojimiesques (Kojima Production a chapeauté le projet) et aux doublage des personnages très convaincant, m'a permis de tout de suite m'immerger dans cet univers.

Le jeu se compose de douze chapitres (subdivisés en niveaux - d'un nombre très variable selon les chapitres), aux environnements très variés. Le bestiaires n'est pas en reste : on évite ainsi l'écueil de (trop) nombreux jeux de nous opposer aux mêmes ennemis du début à la fin. On retrouve bien sûr les créatures typiques d'un castlevania (loup-garous, vampires, armures...) mais aussi de nombreuses autres inspirées du folklore européen comme ces lutins (dont je n'ai pas retenu le nom) qui ont la fâcheuse habitude de nous subtiliser tout notre équipement.
Au niveau du gameplay, le jeu s'inspire de pas mal de titres (God of War, Uncharted, Shadow of Colossus...) sans pour autant y perdre en identité puisque les éléments piochés ci ou là sont imbriqués de fort belle manière et de façon assez inédite. Le jeu n'invente certes rien mais ce qu'il fait il le fait bien.
De God of War, le jeu emprunte la caméra fixe (sauf lors de certains combats - un plus appréciable), le fouet de Gabriel qui rappelle les armes de Kratos et les combos dévastateurs. Toutefois le jeu innove quelque peu grâce à son système de magie très ingénieux. Lorsque vous tuez les ennemis, vous récoltez des orbes neutres que vous assignez à l'une ou l'autre de vos jauges de magie. La magie de lumière permet de récupérer de la vie lorsque vous frappez un adversaire tandis que la magie de l'ombre vous permet d'augmenter la puissance de vos coups. Il faut ajoutez à cela une troisième jauge : une jauge de skill en quelque sorte puisqu'elle se remplit lorsque vous infligez des dommages aux ennemis sans en subir vous-même. Une fois remplit, chacun de vos coups va générer des orbes afin d'alimenter les deux types de magie. Ainsi le joueur talentueux peut enchainer l'utilisation de la magie de lumière et de la magie de l'ombre sans discontinuer. Un système ingénieux et qui sait récompenser le joueur.

D'Uncharted, ce Castlevania emprunte la variété des décors (et c'est peu de le dire) et le côté plate-forme/grimpette, tandis que de Shadow of Colossus le jeu emprunte...les colosses. On peut y voir un plagiat tant les similitudes sont frappantes. Moi j'y vois un hommage.
 Il faut ajoutez à cela un bande son orchestrale magnifique bien qu'un peu trop pompeuses parfois et des graphismes somptueux (sans atteindre toutefois la qualité d'un God of War 3 ou d'un Uncharted 2). A ce sujet il est dommage que la framerate soit si instable et l'image parfois très aliasée. Sans doute un manque d'optimisation...La durée de vie est colossale pour ce type de jeu : il m'a fallu une grosse quinzaine d'heures pour en venir à bout (presque 3 fois plus que God of War 3!!!) et la rejouabilité est plus que correcte tant il y a d'item à collecter pour finir le jeu à 100%. D'ailleurs à l'instar d'autre Castlevania le jeu incite à revenir dans des lieux déjà visités pour y faire usage de capacités acquise en cours de partie.

J'ai passé un très bon moment en compagnie de ce Lords of Shadow. Il frôle l'excellence : il ne lui manque qu'une réalisation un brin plus solide. C'est sans doute, avec le Darksiders du studio de Joe Madureira, une des plus belles surprises de 2010. D'autant que je ne l'attendais pas. Pas à ce niveau.

8/10