La route
Adaptation du roman de Cormac McCarthy lauréat du Pulitzer, la Route le film est réalisé par un certain John Hillcoat.
L'action se déroule dans un futur proche, après qu'une catastrophe sans précédent, que l'on imagine nucléaire ait stérilisé la surface de la terre. La civilisation a disparu. Il n'en reste que des ruines. On va suivre deux personnages : un homme et son fils, un jeune garçon. Ils se sont fixés comme objectif de rejoindre la côte et d'aller vers le sud, dans l'espoir de trouver un échappatoire à l'enfer qu'est leur vie. C'est une lutte permanente. Ils doivent trouver de quoi se nourrir dans un monde qui n'a plus produit de nourriture depuis la catastrophe. Aussi, le danger vient des autres survivants, dont certains sont prêts à tout pour survivre, même si ça signifie manger ses semblables. Les deux héros semblent être les derniers êtres humains.C'est en tout cas ce que paraît ressentir le garçon lorsqu'il demande à son père s'ils sont les "gentils". C'est assez effrayant de voir cet homme et sont fils dans le dénuement le plus total, la solitude la plus absolue, évoluer dans ce paysage de désolation. Leur relation en est d'autant plus forte. Le père protège son fils coûte que coûte. Mais il ne faut pas s'y tromper : c'est le fils qui est le véritable moteur de son père. C'est une sorte de symbiose qui contraste avec le reste. Comme une lumière dans la nuit.

Personne n'est montré du doigt quant à la responsabilité des uns ou des autres dans la catastrophe mais difficile de ne pas penser à la tendance de notre société à se suicider collectivement. On peut presque faire le parallèle avec les cannibales dans un monde qui ne se renouvelle plus : ils ne font que retarder l'inéluctable, la mort. Finalement la morale est très "politiquement correcte" mais difficile de ne pas la partager.
La photographie du film retranscrit parfaitement cette ambiance de fin du monde, avec ses forêts d'arbres morts, de buildings éventrés et ses ciels crépusculaires. Vigo - Aragorn - Mortensen est impeccable dans le rôle du père, mais c'est surtout de Kodi Smith-McPhee dont on retient la performance. Leur jeu est à l'image du film et de l'histoire, sans esbroufe, sobre, réaliste (d'une certaine manière).
Je ne saurais dire si le film est une bonne adaptation pour la simple et bonne raison que je ne suis pas allé au bout du livre (je sais : c'est pas bien).Mais le film m'a touché, m'a fasciné dans sa description d'une horreur absolue.
J'en profite pour évoquer un petit détail qui m'agace. Le livre est clairement un roman de science-fiction. Or il est édité dans une collection mainstream. Comme une marque de reconnaissance qui démontre bien par contraste, la ghettoïsation de la littérature de genre en général, et de la science-fiction en particulier.
Oh la. J'ai bien aimé le film mais il est clairement moins bien que le livre. Je pense que tu te trompes quand tu dis que le livre est un livre de SF. L'aspect post apo n'est pas du tout le sujet du livre. C'est juste un décor qui sert le propos qui n'a rien à voir avec de la SF. C'est juste une histoire d'un père et son fils. Une histoire d'amour. Jusqu'où un père est il prêt à aller pour protéger son fils? C'est ca l'histoire. Ce père qui va juste qu'au bout de lui même par amour.
RépondreSupprimerConcernant l'adaptation, le principal reproche que je fait au film c'est de ne pas avoir eu les couilles de Cormack McCarthy en ne centrant l'histoire que sur le père et le fils. Clairement, les scènes avec la mère n'apportent strictement rien. Les origines du cataclysme, c'est du HS intégral. Dans le livre, il faut bien attendre un bon tiers de l'histoire avant que le père et le fils rencontrent quelqu'un. Dans le film ca viens très rapidement. Hillcoat a clairement eu peur de perdre une partie du public et a rendu le film plus abordable mais il a perdu en intensité et en émotion. Le film n'arrive pas bien à retranscrire ce lien très fort entre le père et fils. Le livre m'a ému, bouleversé presque aux larmes. Jamais le film n'est arrivé à m'émouvoir autant. C'est bien foutu. Les paysages sont sidérants. Mais ca manque d'intensité.
Je pense qu'on arrivera pas à se mettre d'accord sur le fait de savoir s'il s'agit ou non de science-fiction. Pour moi, le contexte suffit à classer cette histoire dans le genre. Mais la définition de la SF étant ce qu'elle est...difficile d'avoir des critères qui soient objectifs.
RépondreSupprimerOui c'est une histoire d'amour entre un père et son fils (je n'ai peut-être pas assez mis l'accent dessus) mais ça n'enlève rien au contexte de l'histoire. Beaucoup de livres de SF se servent d'un contexte particulier pour aborder des thèmes qui nous sont plus familiers (comme l'amour par exemple). La romance de ténébreuse par exemple (c'est l'exemple qui me vient parce que j'en ai parlé il n'y a pas très longtemps) propose un univers plutôt fantasy mais avec un postulat de départ clairement SF. Est-ce de la SF pour moi, oui même si les thèmes abordés ne sont pas exclusifs au genre.
Pour ce qui est du livre, j'en ai lu les 2/3 et j'avoue ne pas avoir accroché plus que ça (sinon je l'aurais finis hein...), mais je te fais confiance pour ce qui est de la fidélité de l'adaptation.
En tout cas le débat est sain et je te remercie de ta contribution. Tu parviendra peut-être à me faire changer d'avis...qui sait?
Ben justement dans le livre le contexte est beaucoup moins fort que dans le film. St'un monde où une catastrophe a eu lieu. On en sait pas plus. Dans ce monde, un homme et son père essayent de survivre. Ils pourraient être dans le Sahara ou le désert de gobie, ca serait la même chose. Le livre, puisqu'on parlait du livre, n'est pas de la SF. Lis le, tu verras bien. Le film, en rajoutant certains éléments explicatifs peut éventuellement être vu comme légèrement SF. Ça n'est pas comme ca que je le vois. Mais bon, chacun fais comme il veut. D'ailleurs, j'avais lu une interview de Viggo Mortensen dans Mad Movies où il ne disait pas autre chose.
RépondreSupprimerJe persiste à dire que c'est de la SF. Après, tout est dans ce qu'on veut bien mettre dedans, comment on définit la SF. Tout est dans le postulat de départ. Si l'action se passait dans un quelconque désert sans qu'il soit question de catastrophe, alors là oui. Ce ne serait pas de la SF. Mais difficile d'occulter que la Terre est stérile, qu'il ne reste que des ruines, que toute les plantes sont mortes, qu'il semble y avoir peu de survivant...Même constat pour le livre (je rappelle que l'ai lu au 2/3 ; assez pour me faire une idée de la question). Ce qu'en dit Viggo Mortensen, même si j'aime bien le bonhomme, n'a pas beaucoup d'importance pour moi.
RépondreSupprimerMaintenant c'est peut-être pas si important de savoir dans quel genre le classer (on va pas se battre pour ça!!!). Les éditeurs eux ont tranché et semblent plutôt d'accord avec toi même si, à mon sens, cela participe plus d'un dénigrement du genre que d'autre chose. Je trouve ce débat des plus intéressant et ce serait pas mal de voir ce qu'en pensent d'autres blogueurs. Sur planete-SF notamment il semble y avoir de bons spécialistes du genre. Il faudrait qu'on réfléchisse à comment mettre en place un débat inter blog. Qu'en penses-tu?
Bonjour collègue ! (eh beh vi, j'ai comme l'impression qu'entre tenanciers de taverne, je puis avoir l'audace de t'appeler "collègue" !) Je suis tombée sur un commentaire de toi sur le blog d'un certain Roudoudou, et quand j'ai vu le mot "taverne", je suis viendue, mais bref.
RépondreSupprimerLa Route.
Un certain traumatisme et une fascination certaine pour elle en ce qui me concerne.
Si je n'aurais pas classé non plus ce livre dans la catégorie SF, cela ne change rien à mon ressenti. Sans vouloir offenser personne, je ne pense pas qu'on puisse le qualifier de SF juste parce qu'il nous plonge dans un avenir post-apocalyptique. Le reste des codes du genre n'apparaissent pas, voilà pourquoi je dis ça. Mis à part la situation, tout ce qu'il s'y passe est parfaitement "normal" : il ne s'agit que de survie... A mon humble avis !
Pour en revenir au reste, livre et film réussissent parfaitement à retranscrire toute l'horreur de la situation. Et je trouve au contraire de Pitivier que les scènes avec la mère sont absolument nécessaires ! La souffrance de Viggo vient en partie de là ! De ce monde à jamais perdu, de son amour détruit, de ses espoirs évanouis. Et le décalage qu'il a avec son fils vient également de là ! Ce fils qui n'a jamais connu le soleil et cet univers verdoyant dont lui parle parfois son père. Il me parait donc logique de montrer la souffrance et le désespoir de la mère... Non ?
Cela dit, quand tu parles que cet univers est déprimant, là dessus, on est d'accord ! Il ne faut pas avoir le moral dans les chaussettes quand on le commence, parce que sinan, c'est le petit suicide assuré ! Mais diantre, qu'ils sont de qualité, ces écrits ! Je ne pourrais pas dire si j'ai aimé ou non le film : bien trop cru et réaliste pour moi ; mais le livre est un pur bijou : savoir mêler à ce point la cruauté et la poésie, savoir décrire à ce point la souffrance, la peur dans un univers si dépouillé et gris... On ne peut rester indifférant.
Mais je vais cesser de monopoliser le commentaire. Je reviendrai, si tu me le permet : la suite de ton endroit me semble intéressante !
Salut collègue ! et bienvenue!
RépondreSupprimerEn ce qui concerne la classification du roman (rassures toi il n'y a pas d'offense quand la contradiction est apportée avec autant de délicatesse)...je persiste dans mon idée : pour moi c'est de la SF. Cela dépend bien sûr des critères que l'on retient. Pour ma part le contexte suffit. C'est une définition arbitraire et subjective mais ne le sont-elles pas toutes? Certes les codes du genre comme tu les appelles sont aux abonnés absents dans le roman. Je me permet néanmoins de souligner que le genre recouvre des œuvres pour le moins disparates et ne faisant pas toutes appel aux mêmes codes. Et c'est sans parler des transgressions qui élargissent le champs du genre. Aussi ce critère là n'est - pour ma part - pas absolument déterminant dans la définition du genre.
Toutefois je ne pense pas que cela ait une grande importance. Il y a sans doute autant de définition de la SF qu'il y a de lecteurs et/ou d'auteurs. Libre à chacun d'avoir sa "vérité" sur le sujet, sans oublier que le contraire d'une vérité n'est pas une erreur, seulement une vérité contraire.
En ce qui concerne le roman, oui j'avoue que je n'ai pas accroché mais sans doute par esprit de contradiction : on m'a tellement parlé de ce livre "fabuleux", voir carrément obligé à le lire moi qui ne lit -pratiquement - que de la SF ou de la fantasy (ce serait passer à côté de quelque chose paraît-il). Mais voilà ce n'est pas vraiment ma tasse de thé les univers post-apocalyptiques. Je me suis donc contenté du film. J'ai beaucoup aimé même si je ne pense pas y revenir un jour : je suis allergique aux trucs déprimant.
Pour résumé mon point de vue : beaucoup de subjectivité et de mauvaise foie. C'est toujours mieux que la foie aveugle de certains.
En tout cas j'ai trouvé ton commentaire très constructif, sans parlé de ton style original et maîtrisé. J'espère avoir de nouvelles occasions d'échanger avec toi.
Certes, SF ou non, ça n'est pas vraiment là l'essentiel.
RépondreSupprimerEt je peux comprendre qu'on n'accroche pas au bouquin, j'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à me plonger dans l'affaire. Cela dit, film et livre sont du même acabit... Aussi sombres et en cendres l'un et l'autre !
Merci en tout cas de ton accueil, Mais j'avoue ne pas être forcément toujours posée et maitrisée dans mes avis... Là, c'est parce qu'on se connait pas encore !
Tu pourras toujours venir boire un verre dans ma caverne, là où je me suis plongée plus "introspectivement" dans la Route^^ !(Non je me fais po de pub!) hihi