L'espace de la révélation - Alastair Reynolds

Bien bonne surprise que ce roman.
L'action se déroule aux alentours de 2550. L'humanité peut désormais voyager entre les étoiles et coloniser des planètes. L'explosion de l'humanité à travers l'univers a généré une forte diversité de cultures, de transformations cybernétiques. Il ne semble pas y avoir d'autorité centrale : l'univers apparaît éclaté. La technologie permet à l'esprit humain d'être simulé par des machines voir de migrer à l'intérieur.

L'histoire est celle de trois personnages principaux dont on suit successivement les faits et gestes :Sylvestre, un exo-archéologue qui cherche à découvrir la raison de la disparition cataclysmique d'une civilisation ET sur Resurgam; Volyova, membre du triumvirat du Spleen vers l'Infini un gigantesque vaisseau de 4 km de long, dont le but est de retrouver Sylvestre afin qu'il soigne le capitaine du spleen (un ultra: une branche de l'humanité portée sur les implants cybernétique de manière extrême) du mal qui le frappe; et enfin Khouri une tueuse engagée pour éliminer Sylvestre par une mystérieuse Demoiselle (c'est son nom). Les enjeux sont rien de moins que (comme d'hab): la survie de l'humanité.

La force du roman tient à mon humble avis dans le réalisme (certes relatif) de certains éléments de l'univers au premier rang desquels la lenteur des voyages entre les étoiles: ici point d'hyperespace et autres trous de vers qui sont souvent pour moi une pirouette de l'auteur pour résoudre le problème des durées de transport. (attention je ne dis pas que ce facteur est absolument déterminant pour apprécier un roman). Car même si les vaisseaux de la classe du Spleen (les gobe-lumen) se déplacent à une fraction significative de la vitesse de la lumière ils leur faut souvent plusieurs années voir plusieurs décennies de voyage pour atteindre leur destination, entrainant des déficits temporels et autres joyeusetés. L'auteur résout le problème d'une autre manière que je trouve plus intéressante: les voyageurs sont "congelés" pendant le vol et il existe des cures de longévité très efficaces: ainsi Sylveste par exemple, à plus de 200 ans.
Deuxième point que je trouve intéressant: l'univers est vieux et le moins que l'on puisse dire c'est que ça se sent. Les Inhibiteurs, race survivante de la guerre de l'aube qui a eu lieu de milliards d'années, semblent vouloir détruire toute civilisation qui dépasserait un certain niveau de technologie et qui par concéquent partirait à la conquète des étoiles (ça ne vous rappelerait pas un certain Mass Effect...). Même le microcosme humain sent la poussière. Et oui, cela fait plusieurs siècle que les hommes arpentent l'espace, et on sent, sans que ça soit explicitement dit que la conquète spatiale fut tumultueuse. Je crois qu'il n'est même pas fait mention de la Terre dans le roman, preuve s'il en est que la période pré-spatiale équivaut au moyen-âge pour nous !
Ces éléments sont certes éculés me direz vous (si toutefois quelqu'un me lit un jour!!!), mais l'auteur les utilise avec brio, faisant preuve de connaissances scientifiques précises indéniables. Terry Pratchet disait que la science-fiction c'est de la fantsay avec des boulons: cette remarque ne s'applique pas à la hard science-fiction, genre auquel appartient indubitablement le roman (avec une grosse pointe de space-opera). Les postulats de départ (ce que pourrait être la science et la technique dans quelques siècle, traces de races ET depuis longtemps disparues...) sont crédibles et cohérents.
On se retrouve au final avec un roman de près de 900 pages, sombre, violent,  intelligent, bien construit (seule la fin est un peu décevante), qui ré agence admirablement des thèmes classiques de la SF pour en faire quelque chose de tout à fait original.
Notons au passage une bonne initiative de l'éditeur qui, contrairement à ce à quoi il nous avait habitué, publie le roman en un seul volume (pas comme La roue du temps), à un prix certes élevé mais c'est toujours moins cher que deux petits volumes

Pour un premier roman, on peut dire que l'essai est transformé.



Commentaires

  1. Bonne critique d'un excellent roman.
    Si tu ne l'as déjà fait, je ne peux que te conseiller de lire ces autres livres se situant dans le même univers et dont deux sont la suite direct de celui-ci. : )

    J'ai moi même dévoré ces 5 premiers romans édité chez pocket et je m'apprête dès que j'aurais fini ma lecture actuelle à me jeter sur le nouveau la pluie du siècle.

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  2. Merci...j'ai lu les suites mais j'avoue m'être un peu lassé en route... J’apprécie beaucoup l'univers mais je trouve que les histoires en elles-même ne sont pas toujours à la hauteur de l'ambition de l'auteur. Et puis l'auteur délaie un peu trop.

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  3. Ouais, c'est toujours parti pour 900pages avec lui, pas évident de trouver l'équilibre entre développement et délayage.
    Celui que j'ai préféré du coup je pense que c'est la cité du gouffre, aussi long mais indépendant du reste. Sinon sa nouvelle diamond dogs, qui sent le Cube, était vraiment bien, et sur un format plus court, je trouve qu'il s'en est bien tiré.

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  4. Le recueil Diamond Dogs / Turquoise Days était magnifique. J'ai également le roman et je n'ai jamais réussi à le commencer, 900 pages cela devient trop gros.
    NicK.

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  5. j'ai bien aimé le recueil, c'est même mon point de départ dans cette univers...les romans sont sympa mais inutilement longs...

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